Le jardin zen, par sa sobriété et son élégance, invite tout naturellement au bien-être. Inspiré depuis des millénaires des préceptes des grandes religions et philosophies orientales, il appelle à la contemplation. Vous ne connaissez pas les techniques liées à la symbolique, la miniaturisation, la perspective ou encore la taille des arbres (Niwaki) ? Cela ne vous empêche pas de faire un jardin japonais chez vous ou d’apporter des touches très japonisantes à votre extérieur. Il vous suffit de suivre quelques règles traditionnelles simples que nous vous dévoilons.

Les éléments essentiels pour faire un jardin japonais

« Un jardin, même tout petit, c’est la porte du paradis ». (Marie Angel)

Faire un jardin japonais, c’est façonner un paysage d’harmonie absolue. C’est imaginer un lieu à l’esthétique infinie. Une scène idyllique où la main de l’homme reste toutefois invisible. Un tableau apaisant où éléments de décoration et végétaux se répondent dans un ballet de sérénité suprême. Dans l’idéal.

Cependant, faire un jardin japonais n’est pas inaccessible aux esthètes et jardiniers amateurs passionnés. Même si vous êtes loin du résultat du magnifique jardin d’E. Borja, vous serez fier d’avoir créé votre propre jardin zen.

Le minéral, un élément très important du jardin japonais

A l’origine du jardin zen, des lieux sobres façonnés par le Shintoïsme et le Bouddhisme pour communier avec les dieux. Ces jardins secs ou Karesansui chargés de symboles sont alors composés essentiellement de pierres, sable et graviers représentant la nature : la mer, les îles et les montagnes.

Le minéral est toujours aujourd’hui l’une des pierres angulaires du jardin japonais contemporain. Subtilement mis en valeur, les éléments minéraux – pas japonais, pierres naturelles, lanternes, gravillons, statuettes, murets… – façonnent un tableau extérieur harmonieux. Pour cela, privilégiez la simplicité et les formes douces. Variez aussi la symétrie et les couleurs.

Le gravier, symbolique de la mer et de ses vagues, peut-être ratissé ; dans tous les cas, il doit toujours être parfaitement propre.

L’eau, essentielle à toute vie, est aussi un élément majeur du jardin japonais. Esthétique et purificatrice, elle peut être représentée sous toutes ses formes : bassin, cascade, fontaine, cours d’eau, sable…

Asymétrie, un autre critère du jardin japonais

Selon une maxime nippone, ‘l‘harmonie dans le jardin japonais naît du déséquilibre’.

Les éléments minéraux comme végétaux ne sont pas implantés de manière rectiligne. Dans un jardin japonais, l’asymétrie est en effet de rigueur. Pas d’allées ni bordures ou cours d’eaux aux contours bien tracés et droits. Au contraire, privilégiez des :

  • chemins naturels à l’aspect irrégulier – terre battue, dalles, pierres plates, graviers… – qui serpentent au milieu des différents espaces ;
  • ruisseaux aux lits empierrés tortueux, plans d’eaux dissymétriques aux bords doux couverts de fleurs et herbes sauvages… ;
  • îlots asymétriques constitués de rochers de tailles variées et formes douces en nombres impairs : 1, 3, 5…

Un jardin japonais se définit par son rythme impair

Les chiffres pairs, contrairement aux chiffres impairs, ont dans leur majorité une mauvaise image au Japon :

  • le ‘1’ est ainsi un chiffre sacré ;
  • de nombreuses fêtes se tiennent à des chiffres impairs : nouvel an (1er janvier), fête des garçons (5 mai), fête des filles (3 mars)… ;
  • le ‘4’ est un homonyme de la mort…

Ainsi, pour faire votre jardin japonais, oubliez lignes droites et symétrie. Concevez plutôt votre aménagement comme une multitude de petits espaces à découvrir au fur et à mesure de son cheminement. La surprise doit être à chaque détour : un banc couvert de mousse, une statuette, une pagode, un petit bassin avec des poissons colorés, un shishi-odoshi (petit dispositif pour effrayer les nuisibles), etc. Ce qui importe, c’est la qualité des éléments et non leur abondance.

Importance des matières naturelles

Dans la culture bouddhiste, ‘tout ce qui est vivant est amené à disparaître‘ et ‘un jardin japonais se définit par son harmonie avec la nature’.

Dans un jardin zen donc, pas de mobilier extérieur en matière synthétique ou de faux rocher en résine ! Tout ce qui compose votre jardin doit être issu de la nature, les éléments décoratifs comme les limites (bordure de bambou, arbres, murets en pierre, haies naturelles, etc.).

Soyez créatifs. Enrichissez votre espace d’éléments chinés lors de vos balades en forêts… Une zone se dégrade ? Tant mieux, cela signifie que votre jardin vit !

Des plantes minutieusement sélectionnées et mises en valeur

Un jardin japonais se définit rappelez-vous par sa simplicité. Donc pas d’accumulation de plantes aux formes et couleurs variées. Au contraire, choisissez des végétaux pour leurs qualités esthétiques (feuillage, forme, floraison, couleur à l’automne…) et valorisez-le en les isolant. Les végétaux de plans intermédiaire et lointain sont disposés de manière à créer de la profondeur et une belle perspective.

Parmi les végétaux à privilégier pour faire un jardin japonais :

  • Mousse et plantes couvre-sol : les japonais vouent un véritable culte à la mousse ; ce symbole de douceur et fertilité s’épanouit parfaitement dans le climat humide nippon ; sur les quelques 20 000 espèces existantes, le pays en compte plus de 2 500 ! En climat tempéré ou sec par contre, privilégiez comme substitut à la mousse le ‘Soleirolia Soleirolii’ ou tapis japonais. Les couvre-sol sont également idéals pour structurer le paysage, à condition de choisir des espèces persistantes : bruyère, pervenche, serpolet, thym…
  • Érable : avec sa palette de couleurs changeantes au fil des saisons, l’érable est la plante emblématique du jardin japonais ! Variétés à privilégier : Acer Palmetum, Acer Japonicum, Acer Shirasawanum, bambou sacré… ;
  • Plantes de premier plan : azalées, bambous nains, camélias, fougères, gaultheria, graminées, hostas, hortensia, rhododendrons de Yakushima, mousses…
  • Plantes à tailler en formes de boule ou nuage : abelia, berberis, buis, charmilles, nandinas, rhododendrons…
  • Végétaux de plans intermédiaires et lointains : végétaux persistants, arbres fruitiers, cerisier du Japon, pins, érables, saules, chèvrefeuilles arbustifs étalés, viburnum davidii…
  • Plantes de bassin : fougères, hostas bleus, iris du Japon, lotus, nénuphars, prêle cultivée, etc.

Le jardin japonais : une mini-nature…

Version miniature de l’environnement naturel, un jardin zen réussi est une véritable œuvre d’art. Le jardin sec, parfaitement adaptable aux petits espaces, peut être quant à lui dépourvu de végétation. Faire un jardin japonais sec est donc le plus accessible pour les novices. Par la suite, et au gré de vos envies, agrandissez votre espace. Apprenez la taille en nuage. Perfectionnez-vous en clôtures naturelles, etc. The sky’s the limit !